Histoire et fonctionnement du piano

Mis à jour le 9 juillet 2022

De base, le piano fait partie de la famille des instruments à cordes frappées donc il a un côté percussif de par le geste de mon doigt qui frappe sur la note et le mouvement du marteau qui frappe sur la corde comme vous allez le voir bientôt.

Pour faire une petite histoire, c’est l’italien Bartolomeo Cristofori qui a, au début du 18è siècle (en 1710, plus précisément), fabriqué un instrument qu’il nomme gravicembalo col piano e forte ou plus communément appelé le pianoforte. Cet instrument a 49 touches (4 octaves) et c’est un instrument à cordes frappées. On l’a appelé comme ça car il pouvait être joué doucement (piano) ou fort (forte). Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas le clavecin qui est l’ancêtre du piano car le clavecin est un instrument à cordes pincées.

Avec l’ajout du feutre sur les marteaux, l’utilisation des cordes plus grosses et tendues en oblique donc plus longues et l’ajout d’un cadre métallique, la palette de nuances s’élargit et au début du 19è siècle, on peut jouer de ppp à fff. Le système de pédale a été ajouté en 1783 par le facteur de piano anglais Broadwood. Plus le temps passe, plus le clavier s’étend. Par exemple, en 1792, il a 5 octaves, vers 1805, 6 octaves, 1845, 7 octaves et c’est en 1878 que le clavier s’établit à 88 notes, soit 7 octaves et 3 notes. C’est aussi vers 1880 que l’appellation « piano » apparaît.

Un élément très important de l’histoire du piano est l’invention du double échappement en 1821 par le facteur de piano Erard. Le double échappement, c’est un système qui maintient le marteau joué à proximité des cordes et qui fait qu’on peut rejouer une seconde fois la note sans avoir à relâcher complètement la touche. On peut donc répéter la même note beaucoup plus rapidement qu’avant et avec un geste beaucoup plus petit et moins forçant.

Au 20e siècle, le piano a subi peu de transformations mais ça a été un siècle propice aux expérimentations de toute sorte dont notamment :

  1. Un piano accordé en 1/4 de tons. C’était en fait 2 systèmes de piano à queue complets mais accordés à 1/4 de ton de différence. On pouvait donc jouer sur les 2 claviers, ce qui nous donnait un piano en 1/4 de tons.
  2. Le piano préparé de John Cage autour de 1940 (et d’autres compositeurs par la suite). « Préparer » un piano, ça consiste à insérer des objets dans certaines cordes du piano afin de modifier le son. Ça pouvait être des vis, du plastique, du bois, du tissu, selon la sorte de sonorité qu’on voulait obtenir.

Fonctionnement du piano

Clavier

Comme je le disais, un clavier de piano standard a 88 notes. Certains pianos qu’on dit « d’étude » en ont 61 ou 76 alors que certains faits par la compagnie Bösendorfer en ont 92 ou 97. À 97 notes, c’est 8 octaves complets qu’on a et les notes supplémentaires sont dans le grave. Pourquoi est-ce qu’on a senti le besoin d’ajouter des notes dans le grave ? Tout simplement parce que pour jouer intégralement certaines œuvres composées par Bartok, Debussy, Ravel et Busoni au début du 20e siècle, on a besoin de notes plus graves. Il y a souvent moyen de modifier légèrement ces passages pour pouvoir les jouer sur un piano de 88 notes mais lorsqu’on veut respecter exactement ce que le compositeur a écrit, les notes supplémentaires du Bösendorfer sont utiles. Par contre, je n’en ai jamais vu de mes yeux. Ils sont plutôt rares au Canada et ce sont les pianos de 88 notes qui sont le plus répandus. D’ailleurs, l’énorme majorité du répertoire pour piano a été composé pour un clavier de 88 notes.

Quand on enfonce une touche, ça enclenche un système qui actionne un marteau qui va frapper sur la corde. Les cordes sont tendues dans un cadre qui est ici horizontal mais qui pourrait être vertical dans le cas d’un piano droit. Les cordes sont tenues par des chevilles. Quand on accorde un piano, on modifie la tension de chacune des cordes en ajustant les chevilles. Le grand morceau de fonte permet de tenir l’énorme pression exercée par la tension des cordes.

Lorsque le marteau frappe la corde, on voit que l’étouffoir associé à cette corde se relève, ce qui permet à la corde d’entrer en résonance et de transmettre cette résonance à la table d’harmonie via les chevalets. La table d’harmonie se compose de plusieurs fine planches de bois et la qualité de la résonance du piano dépend grandement de l’état de la table d’harmonie.

Il y a plus de 200 cordes dans le piano, chaque note ayant d’une à trois cordes. Les notes graves ont une seule corde et celle-ci est plus longue et moins tendue, ce qui donne le son plus grave. Les notes aigues ont 3 cordes qui vibrent exactement à la même vitesse (d’où l’importance de bien faire accorder son piano) et elles sont plus courtes et très tendues.

Tempérament égal

Au début de la Renaissance, on commence à parler d’instaurer le tempérament égal aux instruments à clavier. Le tempérament égal consiste à prendre la distance d’une octave et on la sépare en 12 demi-tons parfaitement égaux. Ça paraît évident de nos jours mais en réalité (si on pense à la musique sur un plan mathématique), il y a une petite différence de son entre un DO# et un RÉb. D’ailleurs les musiciens qui jouent d’un instrument à corde font cette différence en posant le doigt légèrement plus haut pour faire un DO# et légèrement plus bas pour faire un RÉb.

Pythagore a bien démontré cette différence en prenant les 7 octaves du piano et en les séparant en 12 quintes. Si on accorde précisément chacune des quintes, une fois rendu au bout des 7 octaves, on dépasse un peu d’un comma (une toute petite fraction). Si on rabaisse cette dernière quinte pour arriver à 7 octaves justes, elle devient fausse et on l’appelle « la quinte du loup ».

Comme compromis, on a décidé de baisser un peu toutes les quintes, de façon presqu’imperceptible, de telle façon que maintenant, on peut avoir nos 12 quintes égales et par le fait même, nos 12 demi-tons parfaitements égaux dans chaque octave.

Lorsque le tempérament égal est devenu la norme, vers la fin de la Renaissance, les instruments à clavier peuvent jouer dans toutes les tonalités et c’est toujours beau. Mais surtout, on établit les bases du système tonal qui va prédominer pendant les prochains siècles! À l’époque baroque, l’oeuvre de Jean-Sébastien Bach « Le clavier bien tempéré » établit clairement le système tonal qu’on connaît aujourd’hui car il compose un prélude et une fugue dans chacune des 24 tonalités majeures et mineures.

Quinte du loup et comma pythagoricien

 

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Pédales

Le piano comporte 3 pédales. Sur tous les pianos, la pédale de droite est la pédale forte. Lorsqu’elle est enfoncée, tous les étouffoirs se relèvent et les cordes sont libres de continuer à résonner tant que la pédale n’est pas relâchée.

Pédale douce

La pédale de gauche est la pédale douce. Elle rapproche les marteaux des cordes. En frappant de moins loin, donc moins fort, le son produit est plus doux.

Pédale sostenuto ou sourdine

Finalement, la pédale du milieu a un rôle différent sur les pianos droits que sur les pianos à queue. Sur les pianos droits, c’est une sourdine : elle fait descendre une bande de feutre entre les marteaux et les cordes, ce qui assourdit le son considérablement. On l’appelle aussi pédale d’appartement car elle permet à quelqu’un de pratiquer plus discrètement, sans déranger autour de lui. Sur un piano à queue, on l’appelle la pédale sostenuto. Elle fait résonner les notes qui étaient enfoncées au moment où elle a été enclenchée et pendant que ces notes résonnent, je peux jouer détaché partout ailleurs sur le piano.

Pédale forte

La pédale la plus utilisée est la pédale forte. D’ailleurs, elle a un symbole pour elle dans les partitions. On voit parfois le «P » stylisé (ou le petit chien comme m’a déjà dit un de mes élèves). Lorsqu’il apparaît, on doit enfoncer la pédale et si elle était déjà enfoncée, on relève le pied et on le rabaisse à ce moment. On dit qu’on change la pédale lorsqu’on fait ce geste et ça permet de « nettoyer » les sons qui étaient dans la pédale et d’en remettre des nouveaux. On voit aussi la ligne sous les notes. Ici, c’est visuel, c’est clairement le geste du pied qu’on voit : on baisse la pédale, on remonte le pied et on le rebaisse tout de suite. Mais bon, c’est un art de bien mettre la pédale! J’en reparle justement dans cette vidéo 🙂

 

 

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