Que m’a apporté l’apprentissage du piano dans ma vie?

Dans ma jeunesse, j’ai été chanceuse : je n’ai pas rencontré de gros défis, de grandes épreuves ou des échecs. J’étais bonne à l’école, j’ai même sauté ma 3e année et j’étais bien entourée de parents qui m’ont encouragé à essayer toute sorte de choses. J’ai fait du patin artistique, de la natation, du génie en herbe et bien sûr, du piano. Bon, les sports, c’était pas ma force (comme disait ma mère : chacun ses forces) mais en général, je réussissais assez bien dans tout ce que j’essayais. Le piano aussi, ça a commencé en force, j’avançais plus vite que d’autres et j’aimais beaucoup ça.

Mais tu le sais comme moi, l’apprentissage du piano, c’est pas une ligne droite. Il y a des hauts, des bas, des plateaux, des jours qui vont bien et d’autres qu’on aimerait mieux oublier. C’est normal!

L’apprentissage du piano m’a permis d’apprendre à dealer avec toutes sortes d’émotions que je n’avais pas beaucoup vécues jusqu’à mes 10 ans : l’échec, la remise en question, le stress mais aussi croire à un objectif et persévérer pour l’atteindre.

Voici 3 moments-clés dans mon parcours pianistique qui ont été la source des plus grands apprentissages de ma vie.

Salut, c’est moi, Caroline!

Cet article est tiré de l’épisode 40 du podcast Pianoforte et tu peux l’écouter juste ici ⬇️

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Apprentissage #1 : Mieux gérer un échec

J’ai échoué mon examen de piano du 5e degré

La 1ère fois que j’ai vécu un échec assez important dans ma vie, c’est quand j’ai échoué mon examen de piano du 5e degré de l’Université Laval. J’avais à peu près 11-12 ans. Je disais que j’avançais vite tantôt : j’ai fait mon examen de 1er degré, de 3e degré et ensuite, ma prof m’a fait passer directement au 5e degré.

Jusque là, tout allait bien et je me sentais au-dessus de mes affaires. J’avais un talent de base pour l’apprentissage du piano mais le talent, c’est pas assez. Je pratiquais comme je l’avais toujours fait (c’est à dire quand ma mère me disait « va pratiquer ton piano! »), sans réaliser que le 5e degré, ce n’est plus du tout du niveau débutant!

J’arrivais plus ou moins à jouer mes pièces et ce qui devait arriver arriva : je n’ai pas réussi l’examen à la fin de l’année. J’ai donc dû refaire mon 5e degré l’année d’après. Je te dis que j’y ai mis pas mal plus de sérieux la 2e fois!

Quand j’ai vu que personne n’était mort du fait que j’avais poché mon examen et que ma vie allait bien quand même, ça m’a permis de dédramatiser tout ça et quand j’ai vécu des échecs par après, ou que tout n’allait pas à mon goût, j’ai pu me relever plus facilement.

Apprentissage #2 : M’organiser et me discipliner

J’ai complètement arrêté le piano

Ensuite, autour de 13-14 ans, je me suis complètement remise en question et j’ai décidé arrêter le piano. Je n’avais plus envie d’entendre « va pratiquer ton piano ». En fait, j’avais plutôt envie de sortir avec mes amis! En janvier, je ne reprenais pas les cours.

Mais… j’ai eu le temps de réfléchir à ça pendant l’été et j’ai demandé à reprendre en septembre. Par contre, je voulais gérer moi-même mes temps de pratique. J’ai mis en place un 30 minutes le matin, avant d’aller à l’école et un 30 minutes le soir, avant ou après mes devoirs. Mes parents étaient toujours là pour me le faire penser quand ils voyaient que je n’y allais pas mais j’avais beaucoup plus d’autonomie.

Wow! Quand j’y repense, apprendre à m’organiser, à me discipliner, c’est énorme tout ce que ça m’a apporté dans la vie par la suite.

En passant, ça arrive souvent à cet âge que des élèves mettent l’apprentissage du piano de côté. Certains y reviennent assez rapidement, comme moi, pour d’autres, ça va prendre des années et certains n’y reviennent jamais. Mais c’est un moment charnière à l’adolescence.

Apprentissage #3 : Oser demander

Le dernier exemple d’apprentissage énorme que j’ai fait grâce à mon parcours de pianiste, ça a été quand j’ai voulu entrer à l’université en musique. Je suis originaire de Magog, en Estrie donc la logique aurait été que j’aille étudier à Sherbrooke ou Montréal. Mais Sherbrooke avait juste un programme d’interprétation (je voulais éducation) et Montréal, ça me faisait peur d’aller vivre là à 18 ans. Je voulais donc absolument faire le programme d’éducation musicale à l’Université Laval à Québec.

Pour entrer en musique, il faut faire des examens et passer une audition. Tout le monde n’est pas admis. C’est pas que c’est contingenté, comme un programme de médecine mettons mais ce ne sont pas tellement tes notes de cégep qui vont te permettre d’entrer, plutôt ta performance musicale.

Elle joue la même pièce que moi!

Le jour de l’audition donc je pars en auto avec mon père de bonne heure le matin, j’ai 2h30 de route à faire et mon audition est à 10h. En attendant mon tour devant la porte de la salle, j’entends la personne avant moi jouer exactement la même pièce que moi! Ça me stresse parce que je sais que ça va être facile de nous comparer. Mon tour arrive, je joue mes pièces mais avec la fatigue et le stress, la route, pas aussi bien que j’aurais pu. Je garde quand même espoir et je fais les autres examens de théorie et de formation auditive dans la suite de la journée.

Verdict : refusée…

Mais dans l’après-midi, après avoir fait la file devant le bureau du doyen pour savoir si on est acceptés ou pas, et bien j’ai appris que je ne l’étais pas. C’est mon audition instrumentale qui a fait que je n’étais pas acceptée, le reste, c’était bon.

J’ai commencé par vouloir m’en aller pour pas trop qu’on me voit pleurer. Mon père m’a consolé, m’a dit que j’avais fait de mon mieux, comme un bon père qu’il est et après que le rush a été passé, il m’a demandé si je voulais aller parler au doyen pour lui expliquer les circonstances, que je pensais pouvoir jouer mieux que ça et lui demander de m’accorder une 2e chance à l’audition.

Je suis fière d’avoir osé demander une 2e audition

Je ne suis pas une personne qui a de la facilité à aller vers les gens et j’avais de sérieux doutes que je pouvais faire ça! Mais c’était trop important pour moi, j’avais pas de plan B. Le doyen a été super compréhensif et il a dit oui en me disant de partir la veille la prochaine fois. Et cette fois-là, j’ai mieux joué et j’ai été acceptée!

Donc le fait d’avoir osé demander une seconde chance, gros apprentissage pour moi : si on demande, on pourrait bien se faire dire oui mais si on ne demande rien, on n’a rien!

Mais ma plus grande fierté en lien avec ça, ce n’est pas juste d’avoir osé demander, ou d’avoir été finalement acceptée. Non. C’est le fait qu’à la fin de mon bacc, après un concert auquel je participais, le doyen est venu me parler et m’a dit qu’il ne regrettait pas de m’avoir donné une seconde chance. Encore à ce jour, je suis fière et un peu émue quand je repense à ça!

En passant, la fille qui jouait la même pièce que moi à l’audition s’appelle Karina et elle est devenue ma grande amie dès les premiers jours!

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Donc quand je dis que le piano a été le plus grand apprentissage de ma vie, c’est pas juste du côté musical, parce que je suis devenue prof de piano, c’est beaucoup au niveau personnel aussi.

Pis j’ai peut-être l’air d’avoir parlé de plusieurs choses négatives mais pour moi, avec le recul bien sûr, ce ne sont plus des choses négatives, ni même des échecs. Ce sont juste des apprentissages, ça a fait partie de mon parcours et c’est finalement super positif que maintenant, j’arrive à me reprendre après que quelque chose ne ce soit pas passé à mon goût, j’ai une super capacité d’organisation et j’ose demander!

Toi, qu’est-ce que le piano t’a appris dans ta vie? Viens me le dire en commentaire et à très bientôt!